Quand on a peur d’être abandonné-e ou qu’on craint qu’un partenaire nous trompe, on se pose un tas de questions si il/elle met cinq minutes de plus que d’habitude à nous répondre, semble distrait, fatigué ou passe plus de temps que d’habitude sur son téléphone.
Ce qui se passe, c'est qu'on a tendance à ne voir que ce qui vient confirmer notre peur (et à filtrer tout ce qui pourrait nous rassurer…).
Les films qui se construisent dans votre esprit dans ces moments viennent confirmer vos croyances. Si vous êtes bien dans votre couple, vous comprendrez que les comportements de quelqu’un peuvent ne pas être constants. Et peut-être que le temps qu’il ou elle passe au téléphone est consacré à organiser une surprise pour votre anniversaire ou votre prochain voyage en amoureux!
Mais quand on a peur, l’interprétation de ces changements viendra également confirmer la peur: “C’est sûr, il y a quelqu’un d’autre, je vais me retrouver seul-e, on ne m’aime pas vraiment et mon couple part en cacahuète…”
Un truc à ne PAS faire... mais qu'on fait tout le temps dans ces situations
Une réaction tout à fait naturelle dans ces situations va être de chercher à confirmer ou infirmer vos peurs ou à contrôler les comportements de votre partenaire (en cherchant à fouiller ses messages, à éclaircir les zones d’ombre de son agenda, à savoir avec qui il/elle passe son temps libre…).
Et c’est normal. Mais pas très constructif.
Même si ces comportements peuvent parfois offrir un soulagement temporaire, sur le long terme, ils ne constituent en rien une solution.
Le problème quand on va chercher une solution extérieure à soi-même
Tout comme un hypocondriaque voit chaque bouton de moustique comme un potentiel cancer de la peau, vous risquez, en faisant d’un tel comportement une habitude, de devenir hypersensible aux changements de comportements d’une personne qui vous est proche.
Vous allez donc voir et être sensible à des détails qui seraient sans cela passés inaperçus ou qui tout du moins sont naturels dans un contexte donné.
C’est le propre d’une croyance:
Notre cerveau filtre ce que l’on voit pour que cela corresponde à ce qu’on croit être vrai ou… ce que l’on craint le plus. Il interprète tout d’une manière qui paraîtra certainement surprenante ou peu naturelle pour un regard extérieur. Et ces théories parfois fumeuses sont impossibles à prouver mais également à infirmer!
Un exemple un peu extrême (clin d'œil à un ami musicien): Je sais (que. ma croyance est) que les chats contrôlent le monde.
Quand mon chat fait le débile et se montre dépendant, c’est en fait un moyen de me manipuler de manière raffinée avec son intelligence supérieure pour désactiver ma méfiance et m’inciter à lui confier mes secrets (interprétation de ce que je vois en fonction de ma croyance).
Quand il sort le soir et que je ne sais pas où il va traîner et avec qui, c’est probablement avec le chef des chats du quartier, pour lui faire part de toutes les infos qu’il a pu glaner dans son foyer.
Le chef du quartier a lui-même des contacts avec les chats de ministres et des CEO de grosses entreprises, lesquels influencent à leur tour leurs servite… leurs propriétaires. (Pouvez-vous me prouver que ce n’est pas le cas? Pas avec les informations lacunaires que mon chat vous fournira, en tous cas! Donc je remplis ces lacunes comme ça m’arrange pour renforcer mes croyances.)
CQFD. Les chats contrôlent le monde.
C’est juste un exemple un peu farfelu pour vous montrer comment fonctionne notre esprit autour de croyances comme par exemple “ma copine me trompe” ou “mon conjoint va me quitter”.
Un autre problème de la peur de l’abandon et de toute croyance de ce type, c’est qu’elles ont tendance à être auto-réalisantes. C'est-à-dire? En gros, qu’on déteste avoir tort (pas surprenant!) et qu’on adopte toujours les comportements qui permettent de confirmer nos croyances.
En pratique, si vous croyez être maladroit, vous allez certainement vous le répéter soixante fois par jour et être effectivement plus maladroit! Donc lorsque vous laissez de plus en plus d’espace au doute et que vous adoptez des croyances comme “il/elle ne m’aime peut-être plus et va me quitter”, vous allez probablement générer de plus en plus de tensions qui vont se manifester dans votre comportement. Inconsciemment, vous allez probablement exprimer ses tensions dans votre relation et… générer la fuite de votre partenaire. Tout aussi inconsciemment, mais souvent très efficacement, les gens qui se reconnaissent dans cette peur de l’abandon vont, paradoxalement, tout faire pour avoir raison, c’est-à-dire provoquer mettre fin à une relation, confirmant ainsi à leur inconscient qu'ils avaient raison d'avoir des doutes.
Si on résume, comment s'en sortir?
En résumé, une grosse partie de la peur de l’abandon et des comportements qui y sont liés, prennent naissance dans les histoires qu’on se raconte, plus ou moins consciemment. Et celles-ci ont tendance à se renforcer. Parmi les dizaines de milliers de pensées que l’on émet tous les jours, plus de 90% sont identiques à celles de la veille! Imaginer l’impact de telles “habitudes de pensée” si c’est les peurs et les angoisses qui guident votre esprit, au lieu de votre confiance et de vos rêves…
Combien de temps passera avant que vous ne décidiez de vous raconter d’autres histoires sur vous-même? Combien d’énergie, de relations et de rêves allez-vous enterrer pour donner raison à vos peurs?
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